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Conscient de son statut de membre du patriciat de Berne, Albrecht von Haller chercha à mettre son savoir, sa soif de connaissance, son esprit critique et son discernement au service de la République. Cet engagement patriotique constitue l’une des raisons principales qui l’amenèrent à abandonner son poste de professeur à Gottingue pour rentrer à Berne. Son admission au Grand conseil de Berne, qu’il suivit depuis l’étranger et qu’il obtint en 1745 grâce au soutien de son patron et protecteur Isaak Steiger, constitua la condition préalable de ce retour. Appartenir au Grand conseil lui permettait de débuter une carrière de magistrat et Haller s’y adonna avec succès dès son retour de Gottingue en 1753. Il obtint d’abord une charge modeste à la mairie – un poste de Rathausammann. Il devint ensuite inspecteur de l’enseignement et intendant d’orphelinat, puis directeur des salines de Roche et conseiller de santé (Sanitätsrat). Ses fonctions l’amenèrent à s’occuper des réformes de l’enseignement, à sensibiliser les populations aux valeurs du travail et à l’amélioration de son rendement, à mettre en place des stratégies de minimisation des crises liées aux épidémies propres aux hommes comme au bétail, et enfin à optimiser l’exploitation des ressources locales (sel, plantes utiles). Son activité lui a donc permis d’embrasser l’ensemble du mouvement de réformes des Lumières tel qu’il se présente en Europe dans la seconde moitié du XVIIIème siècle et avec les acteurs duquel Haller entretint des échanges variés. On ne s’étonnera donc pas du rôle actif qu’il joua au sein de la Société économique de Berne, qu’il présida pendant plusieurs années à compter de 1766. Parmi les travaux de Haller qu’il publia sous l’égide de la Société, il faut compter ses ouvrages fondamentaux sur les ressources de la flore locale (*Bäume 1763 [1258], *De plantis pabularibus 1771 [1264], *Genera cerealium 1775-76 [1270]), une préface introduisant un recueil de mémoires suédois traduits en allemand (*Vorrede Staatswirtschaft 1763 [1416]), un rapport sur l’assainissement d’un terrain marécageux (*Culture 1764 [1417]) et un mémoire sur la prévention des épizooties (*Viehseuche 1772 [1399]). Pour estimer à sa juste valeur le rôle joué par Haller, il s’agit d’étudier conjointement son action au sein du mouvement de réformes économiques et patriotiques et son activité de magistrat. Haller fut en effet à la fois expert scientifique, bras exécutif de l’administration bernoise et acteur influent habilité à prendre des décisions au nom du gouvernement.

Littérature secondaire
Anderegg 1903, Boschung 1992, Stuber 2005a, Stuber/Hächler 2000, Stuber/Lienhard 2007, Stuber/Wyss 2008, Stuber/Wyss 2008a, Tobler 1902, Tobler 1902a, Valceschini 1977.